Sumacs

Ferdinand Faideau, La Science Illustrée N°530 — février 1898
Vendredi 4 septembre 2009 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

LES SUMACS

Deux de ces arbustes de la famille des térébinthacées croissent spontanément dans le Midi de la France : le Sumac fustet (Rhus cotinus), que reproduit notre gravure, et le Sumac des corroyeurs (R. coriacea). Ils affectionnent les lieux arides et rocailleux.

Le fustet, qui atteint souvent 4 mètres, possède de grandes feuilles ovales non découpées, glabres et luisantes. A l’automne, elles deviennent d’un beau rouge vif, comme celles de la vigne vierge, parce qu’il s’y forme, à côté de la xanthophylle, un principe rouge dissous dans le suc cellulaire.

Les fleurs, petites, insignifiantes, s’ouvrant de juin à juillet, sont symétriques par rapport à un plan oblique. Elles sont groupées en panicules lâches et légères ; elles avortent le plus souvent et la réunion de leurs pédicelles poilus forme une sorte de houppe, d’où le nom d’Arbre à perruques donné quelquefois aussi au fustet. Le fruit est une drupe d’aspect agréable, mais dont il faut cependant se méfier, ces plantes étant toutes plus ou moins vénéneuses, il est acide ; les anciens s’en servaient comme assaisonnement de leurs mets et l’usage s’en est conservé çà et là. Les fruits rouges du Sumac glabre (R. glabra), de l’Amérique septentrionale, sont tellement acides, qu’ils justifient amplement le nom de Vinaigrier, donné à la plante qui les porte.

Le Sumac des corroyeurs se distingue du fustet par un grand nombre de caractères. Toute confusion est impossible. Ses feuilles sont composées de 7 à 15 folioles dentées ; elles sont velues ainsi que le pétiole et les rameaux. Les fleurs sont blanchâtres, en panicules serrées.

Ces deux arbustes croissent spontanément aux Canaries et à Madère, dans la région de la Méditerranée et de la mer Noire, de préférence dans les terrains secs. En Asie, leur habitat s’étend jusqu’au midi du Caucase, à la mer Caspienne et à la Perse. Leurs feuilles, surtout celles du second, sont riches en tannin, de là leur emploi dans l’industrie.

En Espagne et en Italie, on cultive le sumac des corroyeurs ; on fait sécher les feuilles et les jeunes rameaux dont on retire une poudre qui se vend aux tanneurs. Cette culture mériterait d’être introduite en Algérie ; les résultats en seraient certainement avantageux, les écorces de chêne devenant de plus en plus rares.

Le genre Rhus est très riche en espèces abondantes en Chine, au Japon et dans l’Amérique du Nord. Beaucoup donnent des produits utiles.

L’Arbre à cire du Japon est le R. succedanæ, dont les graines contiennent un beurre connu sous le nom impropre de cire du Japon et dont on se sert pour fabriquer des bougies, C’est le plus résistant de tous les beurres végétaux ; il fond seulement à 52° ; c’est aussi le plus lourd, il a pour densité 0,97, celle du plus léger de tous, le beurre de cacao, étant 0,90.

Le suc laiteux de certains Rhus et notamment du R. vernix fournit la laque de Chine dont la formation vient d’être l’objet de travaux intéressants de M. Gabriel Bertrand.

Le bois de quelques-uns de ces arbustes est très recherché pour l’ébénisterie ; enfin presque tous sont employés pour orner les jardins. Leur emploi ornemental serait plus important encore sans leurs propriétés vénéneuses gui obligent à les placer de préférence dans des endroits écartés.

Ils demandent un sol sec, graveleux et chaud ; ils aiment l’air et le soleil, et se multiplient facilement par bouture de racines ou, au besoin, par marcottes. Le semis donne de très beaux sujets, malheureusement les graines perdent très vite leurs facultés germinatives. Parmi les espèces les plus employées, en dehors du fustet et du sumac des corroyeurs, indigones, on peut citer le Sumac amarante ou de Virginie (R. typhina), grand arbrisseau de 4 à 5mètres, à feuilles imparipennées, très élégantes, à fleurs en panicules serrées auxquelles succèdent de fruits rougeâtres ; le Sumac vinaigrier (R. glabra) et. le Sumac copal (R. copallina), beaucoup plus petits que l’espèce précédente et se propageant d’eux-mêmes par drageons. Ils produisent à l’automne un très bel effet dans les massifs et les jardins paysagers, leurs feuilles passant alors par des teintes diverses jusqu’au rouge le plus vif.

Le Sumac odorant (R. suaveolens) a des fleurs d’un jaune verdâtre paraissant avant les feuilles. Celles-ci répandent, quand on les froisse, une odeur pénétrante et agréable. Ses fruits sont très acides, mais mangeables cependant.

On cultive aussi les espèces de la Chine et du Japon, surtout le Sumac semi-ailé (R. semi-alata), grand arbrisseau à feuilles amples ; le Sumac faux vernis (R, succedanea) et le Sumac vernis (R. vernix) à rameaux cotonneux, à feuilles veloutées en dessous, rappelant colles du noyer.

F. FAlDEAU.

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