Ramon Y Cajal

La Nature N°2941 — 15 Novembre 1934
Mardi 18 août 2009 — Dernier ajout mardi 16 avril 2024

La Nature N°2941 — 15 Novembre 1934

Ramon Y Cajal

M. Caullery a rappelé devant l’Académie des Sciences la vic et l’œuvre du grand histologiste espagnol dans les termes suivants :

« Santiago Ramon y Cajal, correspondant pour la section d’anatomie et zoologie, depuis le 26 juin 1916, décédé à Madrid il y a quelques jours, était né à Petilla en Navarre le 1er mai 1852. Tout d’abord médecin militaire, il avait fait partie, en 1874, d’un corps expéditionnaire à Cuba, d’où, gravement atteint par le paludisme, il avait été contraint de rentrer en Espagne et de quitter l’armée. Il fut alors successivement aide d’anatomie et professeur aux universités de Saragosse (1879), Valence (1883), Barcelone (1887) et enfin Madrid (1892), où il occupait la chaire d’histologie et anatomie pathologique. Depuis 1901 il dirigeait en outre l’Institut national d’hygiène, équivalent de notre Institut Pasteur.

« Ramon y Cajal s’est illustré par ses recherches sur la structure du système nerveux. Elles ont ouvert, dans ce domaine, une époque nouvelle et réalisé un progrès capital. A partir de 1888, il s’était attaché à perfectionner la technique précédemment imaginée par Golgi et qui consiste à imprégner d’un précipité argentique, dans les centres nerveux, un certain nombre d’éléments isolés, à l’exclusion des autres. Cela permet de déchiffrer des rapports autrement inextricables. Appliquant avec une grande habileté et perfectionnant cette méthode sur des animaux très variés, surtout pendant le développement postembryonnaire, explorant par elle toutes les parties du système nerveux (cerveau, cervelet , moelle épinière, ganglions spinaux et du grand sympathique, appareil olfactif et visuel, organes sensoriels), Cajal a établi, de manière indiscutable et générale, que les cellules composant les centres nerveux restent des unités distinctes, des centres élémentaires, sans aucune continuité les uns avec les autres, au lieu de réaliser un réseau continu comme on l’avait cru jusque-là et comme l’admettait, en particulier, Golgi. Il a définitivement mis en évidence la structure générale et les formes particulières très diverses et compliquées des cellules nerveuses, dont les prolongements cytoplasmiques et le cylindre axe (avec ses ramifications collatérales) servent les uns et les autres à la conduction de l’influx nerveux. La propagation se fait d’une cellule à l’autre par contact, aux extrémités de ces prolongements divers.

« Dès 1894, la généralité de cette constitution du système nerveux et les particularités de structure des divers centres, exposées dans un ouvrage d’ensemble et dans une Croonian Lecture à la Société Royale de Londres, étaient vérifiées et admises par la plupart des histologistes. Elles ont été symbolisées par le terme de neurone, désignant la cellule nerveuse, telle que Cajal l’avait révélée, terme créé par Waldeyer et universellement adopté, comme la conception qu’il traduit. Les mérites de Cajal ont été, dès cette époque, reconnus de la façon la plus éclatant e pal’ de nombreuses sociétés savantes d’Europe et d’Amérique, consacrés finalement en 1906 par un prix Nobel partagé avec Golgi. On peut résumer l’œuvre de Cajal, à cette première période, en disant qu’il nous a fait connaître l’architecture du système nerveux.

« Cajal a fait faire ultérieurement un autre progrès décisif à l’histologie de ce système, en mettant en évidence, par des préparations d’une netteté et d’une beauté admirables, dans toute l’étendue des neurones, à l’aide d’une technique spéciale inspirée des opérations de développement de la plaque photographique, un système de fibrilles. Ces neurofibrilles forment un système propre à chaque neurone et non un système général continu, comme l’a soutenu l’histologiste hongrois Apathy, qui l’avait de son côté décelé par d’autres procédés, chez les Hirudinées. »

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