Le plus petit bacille du monde

La Nature N°1505, 29 mars 1902
Samedi 25 avril 2009

C’est à M. Voges, de Buenos-Ayres, que revient l’honneur d’avoir découvert le plus petit bacille connu. Ce microbe est si petit qu’il faut l’agrandir plus de 1500 fois avant de commencer à le voir. Le bacille de l’influenza, si petit lui-même, est un bœuf en comparaison. Minuscule bâtonnnet, il se trouve dans les plaies et abcès auxquels est sujet le bétail Sud-Américain. C’est lui qui répand dans les troupeaux la maladie appelée « manquea ». Il s’attaque de préférence aux sujets jeunes et produit chez eux une claudication caractéristique. L’odeur nauséabonde qu’exhalent les plaies se retrouve dans les bouillons de culture de ce bacille. Les souris, les rats, les lapins résistent à son action, mais les cobayes succombent au bout de 24 à 48 heures ; après la mort, on retrouve le bacille dans le cœur et dans tous les organes. C’est un anaérobie mais il se différencie des autres anaérobies, tels que les bactéries du tétanos et de l’anthrax, en ce que l’effet pathogénique est dû au bacille même et non à ses toxines. M. Voges a démontré ce fait en pratiquant sur des cobayes des injections de ces produits préalablement retirés par filtration des bouillons de culture. De plus, c’est en été seulement que ce bacille est dangereux, pas une seule fois en hiver on n’est parvenu à transmettre la maladie par injection à un animal quelconque.

J. G.

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