Au mois d’août 1931

Lucien Rudaux, La Nature n°2869 - 15 novembre 1931
Samedi 18 avril 2009 — Dernier ajout mardi 1er août 2017

Chacun l’a expérimenté à ses dépens … L’été 1931, et pendant le mois d’août spécialement, a été franchement anormal. Des notations précises à cet égard se trouvent dans le compte rendu météorologique mensuel publié ici. Complétons ces éléments statistiques par des documents photographiques pris dans le département de la Manche, mais qui ne constituent pas des exceptions, la majeure partie de la France ayant subi un régime analogue.

Comme note dominante, c’est le ciel presque obstinément couvert, chargé de lourds nuages pluvieux, avec coups de vent et bourrasques répétés (fig. 1). Le soleil ne s’est guère montré qu’à travers l’ouate - lorsqu’elle s’effilochait - du « crachin » classique au bord de la mer (fig. 4) ou bien voilé dans des nappes de cirro-stratus (fig. 5), ou enfin dans les éclaircies de grains orageux, qui fournissaient l’occasion de contempler de formidables cumulo-nimbus (fig 2). Parmi les nombreux orages, celui du 28 août fut particulièrement violent et intéressant par les multiples coups de foudre se répétant aux mêmes points, et dont on peut apprécier la fréquence sur la figure 3 ; cette photographie a été prise de l’Observatoire de Donville, au-dessus de l’horizon marin, avec une durée d’exposition de 10 minutes. L’effet du rideau lumineux formé par les éclairs, enregistrés ainsi successivement sur la même plaque, se trouve malheureusement atténué par l’éloignement : 30 km environ), qui réduisait trop la dimension apparente des décharges, en même temps que les troubles atmosphériques les rendaient peu photogéniques.

Mais ce dont on gardera le plus fâcheux souvenir, c’est de la pluie quotidienne, Précipitations interminables ou averses violentes et exceptionnellement copieuses (fig. 6) ont entraîné un peu partout de véritables désastres.

Sous le ciel gris et sombre, la campagne, avec les chemins changés en bourbiers, laissait volontiers une impression hivernale (fig. 7) et l’on s’étonnait presque de voir les arbres encore parés de leurs feuilles ! Mais par cela même, l’aspect des régions inondées,à la suite du débordement de rivières (fig. 8, la Vire), offrait un caractère inattendu, avec la végétation touffue émergeant des eaux (fig. 8, bord de la Sélune) ; sur quelques points. des tas de foin pourri simulaient au mieux des villages de castors (fig. 10). Ces quelques images conserveront le souvenir de l’état du ciel au cours de cet été déplorable, dont l’allure hivernale aura gâté la période si chère à tous des vacances…

LUCIEN RUDAUX.

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