Bourdaine

A. Truelle - Supplément à La Nature N° 2681 - 22 aout 1925
Dimanche 15 février 2009 — Dernier ajout samedi 24 décembre 2022

La Bourdaine (Rhamnus frangula. L.) Rhamnacées, a pour principaux synonymes, Bourgène, Aulne noir, Bois noir, Nerprun Bourdaine, Rhubarbe des paysans.

Habitat. — On la trouve dans toute la France, dans les bois, les taillis, les haies, le long des ruisseaux surtout dans les terrains frais et humides. Description sommaire. — Arbrisseau non épineux atteignant, selon les endroits 3 à 6 m. Tiges droites très ramifiées, dont la jeune écorce est brun rouge et la vieille gris brunâtre, tachetée de blanc. Feuilles alternes, pétiolées, entières, à nervures saillantes. Fleurs de mai à juin, parfois jusqu’en août, très petites, rose verdâtre, en fascicules à l’aisselle des feuilles, très recherchées par les abeilles. Baies d’abord rouges, puis noires et luisantes mûrissant en août-septembre.

Culture. — Dans le Jardin familial sa place est dans la haie de clôture. On lui donnera un sol riche en humus, très frais ou légèrement humide et ombragé.

Multiplication. — On y procède de deux façons : par le bouturage de rameaux pris sur des sujets de six ans environ ou par le semis en pépinière. (A. R. et D. B.).

Récolte et séchage. — On récolte les tiges au moment de la floraison, de mai jusqu’en août, et même en septembre. On enlève l’écorce en longues lanières étroites sur les tiges un peu fortes et on la découpe en petits fragments que l’on dessèche en un endroit bien aéré. On reconnaît que le séchage est terminé quand les fragments s’enroulent en forme de cornets. Composition chimique. — Le Dr Leclerc, qui a fait une étude complète de la bourdaine, relate que d’après Aweng, l’écorce renferme quatre principes tous doués d’une action purgative : émnodine, franguline, chrysophane, acide frangulique.

Propriétés thérapeutiques. — D’après le même auteur, la bourdaine a été signalée pour la première fois au moyen âge par Pierre des Crescences sous le nom d’ Anormis ou d’ Avornus,- toutefois, ce n’est qu’à la Renaissance qu’elle a été exactement décrite par Tragus et Mathiole. Ce dernier recommandait très judicieusement de ne l’employer que préalablement desséchée : « D’en user lorsqu’elle est verde il n’est bon, attendu qu’elle ferait vomir ». Cette assertion et d’autres qui sont dues à des médecins de cette époque ont été confirmées depuis. En somme, il faut donc rejeter absolument l’écorce verte de bourdaine et ne se servir que de l’écorce vieille de deux ans ou plus. En cet état c’est un des meilleurs laxatifs ou purgatifs végétaux, car elle n’irrite jamais l’intestin même par un usage prolongé ; elle remplace avantageusement la rhubarbe, aussi l’appelle-t-on parfois, rhubarbe des paysans. On l’a utilisée aussi comme vermifuge et dépurative. Les fruits sont inusités ; ils ont passé pour purgatifs, mais comme leur action est incertaine et très variable, il vaut mieux s’en abstenir.

Préparations pharmaceutiques. — La poudre de l’écorce s’emploie à la dose de 1 à 2 gr. en cachets de 0gr.50 avant les repas ; l’extrait fluide 1 à 2 gr. mais la meilleure préparation, selon H. Leclerc est une décoction de 2 à 5 gr. d’écorce de 2 ans d’âge dans 250gr.d’eau pendant 25 minutes ; on laisse ensuite infuser à froid de 4 à 6 heures ; la liqueur décantée est alors absorbée au coucher.

Observations commerciales. — En raison de son utilité thérapeutique journalière pour nombre de familles, il y a lieu d’accorder à la bourdaine une place assez grande dans le Jardin familial. Elle est d’ailleurs très demandée dans le commerce de l’herboristerie. Le kilogramme d’écorce sèche entière vaut, environ, 1 fr. 40 à 1 fr. 60 et coupée 1 fr. 60 à 1 fr. 80. La culture de cet arbrisseau peut encore fournir au commerce son bois qui est employé pour la fabrication de la poudre et des allumettes.

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