Une course à Haiderabad (Dekhan)

RICHARD F, BURTON., La Science Illustrée N°90, 2 JUillet 1877
Dimanche 15 mars 2009

Nous arrivons de notre première promenade à éléphant à travers la cité du Lion, et comme nous avons bien des choses Inattendues et rien de ce que nous promettaient les récits populaires et les racontars de journaux, je me hasarde à croire que le lecteur prendra de l’intérêt à quelques llgnes de simple vérité.

La campagne qui est autour d’Haïderabad, dans le Dekhan, est agréable à tous les feux sauf aux organes visuels jaunis du vétéran anglo-indlen. Les caractères prédominants du paysage proviennent des champs d’un vert poireau, divisés en carrés entre de longues lignes de granit et de syenite brulées du soleil, et hérissées de crêtes, de pics solitaires, de dolmens et de menhirs ; ici les rochers crènelés semblent avoir été dressés par la main. de l’homme ; là, ce sont des tertres couronnés de murs d’un blanc de perle et d’arbres à ombrage épais ; ailleurs, ce sont des rocs façonnés en forme d’hommes et d’animaux, Nulle part, il n’y a de contrastes plus décidé ! entre des espaces bleu de ciel et des collines à sommet plat surmontés d’éminences pareilles li de grossiers tumulus, entre de rouges guérets couverts de chaume doré et à peu près pulvérisés par le soleil torréfiant et le manque de pluies et de glorieux topes ou bouquets de mangliers, de tamariniers et de figuiers ombreux, ou bien des plantations éparses de cocotiers, de palmiers-éventails et de Phœnix qui portent du toddi (liqueur) au lieu de dattes. Chaque ondulation de terrain s’élevant au-dessus du niveau de la plaine d’alluvion offre un panorama au premier plan varié et ayant pour fond la grande ville, auquel il ne faut qu’une ondée de quelques heures pour abattre la poussière et nettoyer le lustre bleu de ce tableau éloigné. A cette saison, aussi, les nuits, les matinées et les soirées sont délicieuses ; l’atmosphère du plateau, à quelque 1800 pieds au-dessus du niveau de la mer, est celui de Damas et de Sào-Paulo au Brésil ; et bien que les visages pâles, blasphémant le soleil, se préparent tous à leur migration annuelle vers les montagnes, nous ne sentons rien d’étouffant au milieu du jour, tant la température est rafraichie par une vraie brise du nord-ouest. Le plateau du Dekhan, j’ai à peine besoin de le dire, commence au nord avec la rivière la Nerbudda, et finit à la rive gauche de la Kristna, à quelques milles seulement d’Haïderabad.

Ce matin, de bonne heure, Sundargajd, l’un des plus grands, des plus doux éléphants de S. E. Sir Salar Djang (premier ministre du Nizam), avec tous ses atours de clochettes et de harnais écarlates, s’agenouillait pour nous recevoir et commençait à se trainer le long des trois milles qui séparent le faubourg de la ville, avec cette allure, amble bizarre, qui fait tanguer le houdat en forme de cabriolet européen comme un petit bateau sur une mer dure et houleuse. Cette ville présente une bonne collection de ces monstres intelligents, et un corps de 900 éléphants, réunis en quelques heures, dépasse la faameuse exhibition de Tipou-Sahib. Notre point de départ était la Grand’Porte, où est le quartier général de major R. Neville, commandant en chef des troupes de Sa Hautesse le Nizam. Sur le devant s’étend le champ de manœuvres, Fath-Meidan, et derrière sont de jolis jardins publics. A l’est, au delà de l’enceinte du Nizam yar Tang, il regarde les murs de briques noircis par le temps de l’ancienne et solide fonderie de canons française, et à l’ouest s’élève la Roche-Noire, autrement dite Kanbat-patar, déclivité d’un granit gris fraichement travaillé, couronnée d’une petite mosquée blanche avec son arbre et son drapeau hindou. La vaste chaussée macadamisée appelée route de Tchadar ghat, est digne de figurer à Frere-Town. Bombay, est bordée de plantureux bosquets tropicaux, rouges, mauves et or, et de villas les nnes de style classique, comme Mount Charles, et le bureau des Travaux publics, les autres de style gothique, comme de nouveaux établissements grêles et dénudés, pour ne pas citer la hideuse église, d’autres enfin en forme de bungalows couverts de chaume à la mode du pays et n’appartenant à aucun style. La route va jusqu’à l’Afzal-Gandj, ou marché des troupes régulières ; ce sont de longues lignes parallèles de boutiques et de baraques, la plupart à toit plat, quelquefois couvertes en tuiles, n’ayant généralement qu’un étage, mais toutes pourvues d’une véranda, et proprement peintes de rouge et de blanc. Une rue Sur la droite aboutit au Gishah Mahal (palais privé) le seul reste du Tchabar Mahal (les quatre palais) qui faisaient autrefois l’ornement du grand faubourg du nord. Là même rue conduit au Fil-Khaneh (écuries des éléphants) et aux quartiers de l’artillerie.

La route de Tchadar Ghat se termine à un massif pont de granit, le Naza Pul (pont neuf) qui enjambe le lity de la Mousi qui a, en cet endroit une largeur de 400 mètres environ. A cette saison, les deux tiers en sont en culture, et les jardins de concombres présentent encore une nouvelle analogie avec la Syrie. Les pluies vont bientôt convertir le lit de la Mousi avec son surashan (terre brûlée) hindoue en un torrent impétueux et rugissant, noirci par Ie regar riche terre alluviale à coton, et rougi par la tchilka, terreau sablonneux et ferrugineux, qui paraît être à moitié composé de nids de termites. Le Pont-Neuf date de 1860. En amont, nous apercevons les arches grossières du vieux pont d’Oliphant, et un détour de la rivière nous cache le n°3 , appelé Marrett ou Kandon Sai. Au-dessous de ce dernier, il y a comme un barrage naturel de roche noire grâce auquel, avec un peu de travail, on pourrait établir un beau bassin d’eau pure sur la face nord-ouest de la ville.

Là nous avons notre première vue d’Haïderabad dont les remparts et les tours croulantes, arrivant juste au bord de la rive droite du lit de la rivière, semblent étrangement antiques à côté de la Porte du Palais (au nord-est) de style pré-gothique et toute crènelée, Sa voisine est la Porte de Delhi ou Porte de l’Eau ; c’est là qu’on mène les éléphants au bain. Un peu sur la gauche, à moitié caché par les luxuriantes plantations qui donnent à Haïderabad, comme à Pounah, un air plus champêtre qu’aux autres villes d’Orient en général, s’élève le Barah-Dari (pavillon) du premier ministre ; aux fêtes publiques, le gracieux édifice devient un foyer de lumière. Encore plus bas, et sur l’antre rive, ou rive gauche, un drapeau flottant sur une vaste toiture, indique la Résidence, sur laquelle on peut consulter les guides et l’Almanach d’ Haiderabad.

Avant de passer la porte, je dois rappeler qu’Haïïderabad ne peut prétendre à une antiquité reculée. Elle doit son origine à Sultan Mohammed Kouli-Khan Il, de la dynastie indépendante de Golconde ou Koutb-Shahi, qui, vers l’année 1520, construisit un palais de plaisance pour sa maitresse Bhagwati, une Indienne de caste servile ; et après lui avoir assigné une garde de mille cavaliers ce roi Cophetua de l’Orient nomma la localité Shagnagar. Le prétentieux guide persan nous dit : « Avec la pensée de fonder une nouvelle capitale, le roi partit pour la chasse et tout en allant de çà et de là, en quête de gibier, il passa par une forêt qui, occupant un beau site, était enviée du ciel bleu et des jardins célestes pour sa pureté et sa grâce. Il lui plut d’élever là une ville, et il ordonna à des astrologues habiles et sages de fixer le moment favorable pour en poser la première pierre. » Plus loin, nous apprenons que l’année où l’on commença à bâtir est désignée par le chronogramme : Ya Hafiz ! (0 ! Allah le préservateur = l’an 1000 de l’hégire, l’an 1591 de notre ère) ; et que celle de l’achèvement est désignée par celui de Farkoundah bounyad (heureuse fondation = 1006 de l’hégire, = 1597 de notre ère), qui est le titre musulman officiel des [ours actuels. La nouvelle ville se développa par suite de la peste noire qui dévasta en 1590 la cité des diamants de Tavernier, capable alors de fournir 40.000 sabres. Enfin, elle devint la capitale du Nizam el Moulk (régulateur de l’état), soubadar ou vice-roi du Dekhan, chef des Asouf-Djahis, de la maison régnante actuellement ; peu de temps après que l’empereur Aureng-Zeb eut pris Golconde (1687), et emmené prisonnier le dernier prince Koutb-Shahi, Abd-el-Houseïn ; celui-ci est connu dans le peuple sous le nom de Thana-Shah, et son tombeau inachevé raconte encore l’histoire de ses malheurs. Pourquoi la ville fut-elle appelée Haïderabad, la demeure d’Haïder ou du lion, personne ne peut le dire ; mais nous nous remémorons ce nom à la vue de nombreuses fresques représentant des tigres, terribles quadrupèdes. à raies en gomme gutte, à barbes noires, et il appendices rouges qui remplacent ici le roi des animaux.

Nous passons maintenant dans Shah-rah (la grand’rue), qui, allant du nord au sud, coupe en deux la ville close de murs. Notre première surprise agréable est l’absence relative du caractère attribué par Cobridge à Cologne. Haïderabad compte rivaliser encore mieux avec la ville des Saintes quand de l’eau limpide, amenée par des conduits de l’étang de Mir-Alam au sud-ouest de la ville, coulera en ruisseaux doubles le long de rues principales. Il n’y a d’autres pavés que des morceaux de basalte noir qui rappela à ma femme la chaussée de Salahiyyeh à Damas ; par places le granit primitif se dresse encore en fragments non façonnés. Les artères importantes sont cependant assez bien tenues, arrosées et battues à l’aide de petits pilons à main. Les rues et les places montrent quelque chose de la merveilleuse animation et de la variété qui caractérisent la ville indigène dans le Bombay civilisé et progressiste, spécialement le vieux Bhendi-Bazar que les gens polis appellent route de Kalbadevi. Il y manque la mêlée et la poussée d’européens, en habits militaires, civils et ecclésiastiques, de Portugais au teint foncé, de blêmes Eurasiens, de Parsis dont les chapeaux ressemblent à des tuyaux de cheminée abattus par le vent, de Banians aux turbans à bec rouge et or, de Marattes dont les couvre-chefs prennent les dimensions d’une table à thé, de Musulmans aux costumes aussi nombreux que les Individus qui les portent. Ici les principaux spécimens étrangers sont de noirs et minces Arabes de l’Hadhhramant ou du golfe Persique, des Beloutchls fle Kheelat à la longue chevelure, de vigoureux Suleïmanis ou Afghans, et des Sidis (Ouasahouelîs) de Zanzibar aux membres épais, parfois pur sang, le plus souvent mêlés de sang asiatique. Les Wahabites dissimulent leurs principes, les Chiites les montrent, et les Babis sont inconnus. L’œil de l’étranger constate d’abord que chaque homme qui se respecte est bien armé d’un fusil à pierre ou à mèche, de pistolets, d’un sabre ou d’un poignard, et que toutes les femmes n’ont pas de voile, ce qui signifie qu’elles sont pour la plupart de la race des Gentils et non des Musulmanes de haute caste. Comme dans toutes les cités indigènes les fakirs, les derviches, les joghis, les sangasis, les religieux mendiants hindous et hindis sont nombreux et tapageurs ; mais, en dehors de l’exercice de leur ministère, aucun d’eux ne nous causa le moindre ennnuI.

Un trait particulier à Haïderabad est le paravent uni d’architecture qui représente tel l’arc de triomphe européen ; c’est une arcade sarrasine pointue, avec des fenêtres latérales et un couronnement horizontal ; dominant les constructions plus basses, elle coupe les voies de communication, rompt la monotonie, et attire le regard. Le royal fondateur voulut que les quatre principaux bazars fussent précédés par autant d’arcades semblables, les Tchahar Kamaza, et, dit notre guide, « les quarante mille autres marchés (lisez rues et impasses) furent dotés de ruisseaux coulant sous des avenues d’arbres ombreux, touffus, tandis qu’un vaste édifice faisait face à chacun. En outre, il fit faire le plan de quatre mille constructions telles que mosquées et mousallas (lieux de prière), écoles et collèges, hôpitaux et asiles d’indigents, auberges et caravansérails. » On peut croire ce nombre exagéré, mais une course dans la cité close de murs, dans la cité officielle, demande trois heures de galop de chasse, et comme le prouvent les cimetières, les faubourgs ont dû s’étendre à des distances qui doivent se mesurer par lieues.

Le plus proche objet à remarquer est la Mekkeh Musdjid, ou mosquée de la Mecque, également bâtie par Mohammed Kouli, Ses portes gigantesques avec leurs gros montants de bronze, ses deux dômes bulbeux aux deux coins de l’entrée principale, celle de l’est, son bel étang, et sa spacieuse salle ne prière, méritent toutes les louanges. Malheureusement les murs intérieurs de cette dernière sont recrépis de blanc, à la façon des mosquées en général. Le nom, nous assure-t-on, rappelle le fait que c’est une reproduction du Haram de la Mecque. S’il en est ainsi, il faut que ce dernier ait bien changé d’aspect ( [1]), ou plus vraisemblablement, qu’on n’a pu en Saisir la, ressemblance comme cela est arrivé à plusieurs imitations européennes de Saint-Pierre de Rome, La date de son achèvement (1023 de l’hégire = 1624 de notre ère) est connue sous ce nom Beit-el-Atik (la vielle maison, c’est-à-dire la Kaabah). La dépense fut de 23 laks de roupies, et le sommet de cet édifice s’élève à 108 pieds au-dessus du sol.

Notre éléphant Sundargudj remonte alors à quelques mètres plus haut dans la Grand’Rue, et nous amène devant le Goulgar hanz (citerne du jardin) précédemment appelé Tchahar suka hanz (citerne des quatre marchés). C’est un joli spécimen de place publique plantée d’arbres, tenant le milieu entre la place Lesseps à Port-Saïd, et l’édition moderne du vieux parterre de Bombay ; cette place forme le centre des Tchahar Kaman (les quatre arcades) dont il a été question plus haut. Un peu plus loin, au cœur même de la cité, marquant le carrefour, des quatre rues principales, s’élève le Tchahar Minar, œuvre également de Mohammed Kouli. Les gazetiers nous induisent en erreur quand ils nous disent que ce monument « fut primitivement une école de sciences et d’arts, mais qu’il est maintenant changé en magasin. » En ce moment, il est couvert d’échafaudages ; et dans deux ans les quatre minarets serviront au muezzin appelant à la prière ; les salles du haut formeront une mosquée ; et la fontaine au rez-de-chaussée bien ombragé sera une place délicieuse pour un flâneur. La quadruple façade est brisée par de longues rangées de fenêtres, et les minarets ne sont pas trop lourds du haut, ce qui, est le défaut général de l’architecture religieuse d’Haïderabad.

L’îlot du sud-ouest, avec ses fenêtres supérieures treillissées, est principalement occupé par le palais de Sa Hautesse Mir Mahboub Ali Khan, qui, en 1869, succéda à son père le nizam Afzal-ed-Daoleh ; là, les soldats de la garde, avec leurs schakos en pot à fleurs, et leurs plumets ronds coupés en deux, du temps de Jack Cipaye et de ses officiers français, nous ramènent au siècle dernier.

Nous approchons alors de la porte de Madras ou du sud qui était autrefois protégée par les retranchements abandonnés d’un vieux corps de garde. Son aspect est d’un style tout oriental, de robustes battants avec d’énormes clous à la tête aussi large que l’umbo d’un bouclier, sous une tour crènelée plus haute que les remparts environnants. Cinq portes semblables s’ouvrent dans la longue muraille du nord-ouest le long de la rivière ; elles portent, comme c’est la règle, des noms de fantaisie, tel que Dudh broli, le puits de lait, d’après une citerne qui donne de l’eau douce. Le. total de ces portes, sans compter les poternes, est à peine suffisant pour une ville qui a 20 à 21 milles de circonférence, et qui contient plus de 400.000 âmes.

La course pittoresque que nous venons de faire dans les rues et dans les ruelles de la « Cité du Lion, » s’est terminée par un charmant déjeuner au palais de S. E. le Moukhtar-el-Moulk (premier ministre), sir Salar Djang, dont la visite en Angleterre, en avril prochain, augmentera l’intérêt qui s’attache à son nom aussi Connu et aussi hautement respecté. Cette matinée ne nous donna pas seulement un aperçu d’Haïderabad, mais encore une vue des erreurs générales dont souffre cette ville. Il y a quarante ans c’était un turbulent repaire, dans lequel les Européens ne pouvaient pénétrer sans être insultés, et où l’illégalité et l’indifférence constituaient les règles de la vie. Mais bien que deux générations et, qu’on me permette de le dire, les mesures libérales et progressives prises par un ministre éclairé aient complètement changé cet état de choses, l’opinion populaire et même officielle, dont la montre est toujours d’un âge ou deux en retard, se refuse à reconnaitre le rétablissement de l’ordre. « Vous venez d’un endroit où vous pouvez être assassiné d’un moment à l’autre, » écrivait un haut personnage à un Anglais qui avait pris du service chez le Nizam ; et « les coupe-jarrets, brigands et assassins d’Haïderabad » se trouvent encore cités dans toutes les feuilles anglo-indiennes. Je suis sûr que pendant les trente-cinq dernières années pas un seul chrétien n’a été mis à mort sur cette terre musulmane, et le seul Européen qui y fut blessé ne subit que la conséquence naturelle de sa propre faute. Aucune tentative de violence ne fut seulement manifestée par des paysans irrités contre les gentlemen chasseurs qui se livrèrent à une battue des cerfs apprivoisés du prince.

Nos bons rapports avec ce puissant royaume mahométan qui contient 11 millions d’habitants, et qui a pris en quelque sorte dans l’esprit des indigènes la place de l’ex-empire de Delhi, pourront être bien plus durables si nous voulons gouverner un peu moins. Telle qu’elle est, notre ingérence tend parfois un peu trop à devenir officielle ; ainsi, un simple brouillon pourrait faire beaucoup de mal ; témoin l’imprudente agitation officielle à l’occasion de la rencontre de certains personnages royaux. Ici, je parle en général et non d’Haïderabad en particulier, nos hommes d’état anglo-indiens feraient bien d’abandonner la maxime surannée de leurs ancêtres officiels : divisel’ pour régner. Il y aura toujours des divisions dans ce beau pays jusqu’au jour où, suivant la parole de M. Elphinstone, on nous montrera la route de chez nous. Sou tenir alternativement un parti ami et un parti ennemi convient mal à la civilisation du XIXe siècle. Quand nous apprenons à nous mettre en tête que le peuple de l’Inde se composait de citoyens policés, alors que nos Bretons et nos Pictes se peignaient la peau, quand nous faisons égale justice au Musulman comme à ce chéri du missionnaire, le « paisible Hindou, » et enfin quand nous accordons à chaque cour indigène la plus grande liberté même au delà des limites de la licence, nous ne nous soucierons probablement pas de la réponse faite, dit-on, par Holkar, maharadjah d’Indore à quelqu’un qui lui demandait ce que ferait l’Inde dans le cas d’une invasion étrangère : « Monsieur, quand on est las de dormir sur un côté, on se retourne sur l’autre, »

RICHARD F, BURTON.

High Gate, Haïderabad, 29 février 1877.

[1On sait que M. Richard F. Burton, le célèbre voyageur, est un des rares européens qui aient jamais pu pénètrer à la Mecque

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