Moteur à essence de pétrole à piston alternatif, système Dawson

La Nature, N°1325 - 22 octobre 1898
Samedi 28 février 2009 — Dernier ajout jeudi 21 mars 2024

La Nature, N°1325 - 22 octobre 1898

La tendance générale actuelle de la mécanique moderne est, avec raison, la simplicité, et jamais cette tendance ne s’est mieux manifestée, depuis quelques années, que dans la construction des moteurs à essence de pétrole, moteurs sans lesquels l’automobile n’existerait pas encore, puisque la rivale du pétrole, l’électricité, fait à peine ses premiers pas.

Après avoir supprimé les commandes de soupapes, comme on l’a vu dans le moteur Loyal que nous décrivions ici même, il y a plus d’un an, on a cherché à supprimer les soupapes elles-mêmes, et le moteur que nous allons décrire est un des appareils les plus intéressants et les plus originaux qui aient été construits jusqu’à ce jour dans ce but.

Le moteur rotatif Dawson est basé, comme presque tous les autres, sur l’explosion d’un mélange d’air et de vapeur d’essence de pétrole, par application du cycle à quatre temps, ou cycle Beau de Rochas. Il ne comporte, comme le montre la figure, ni soupapes, ni tiroirs, ni commande délicate d’aucune sorte dans les parties exposées aux explosions et aux températures élevées. Le piston a la forme d’un long tube d’acier : il assure les diverses phases d’admission, d’explosion et d’échappement en tournant sur lui-même pendant sa course, et en démasquant ou obturant alternativement, à l’aide d’un trou E ménagé dan sa paroi, des lumières de distribution convenablement réparties sur le cylindre. Chacun des points du piston décrit ainsi un mouvement alternatif hélicoïdal en faisant un tour sur lui-même pendant qu’il décrit quatre courses alternatives et fait accomplir deux tours à l’arbre portant la manivelle. La rotation du piston transforme le mouvement de glissement en un mouvement louvoyant, et ces belles expériences de notre compatriote, M. Raffard. ont montré les avantages que présente ce mouvement au point de me de la réduction des pertes par frottement. La forme de long cylindre creux donnée au piston offre un certain nombre d’avantages non moins appréciables au point de vue du guidage de ce piston et des fuites par les parois, fuites que la grande longueur du piston réduit à zéro, car sa course est terminée avant que les gaz aient pu traverser l’espace infiniment mince ménagé entre le cylindre et le piston qui ne porte aucune garniture, et glisse très facilement grâce à son mouvement de rotation.

Enfin, l’explosion des gaz se produisant à l’intérieur même du piston, les gaz chauds ne viennent pas en contact direct avec les parois du cylindre, qui se trouve ainsi très ménagé. Le refroidissement du cylindre s’obtient par des ailettes lorsque la puissance du moteur est inférieure à 5 chevaux ; au-dessus de 5 chevaux, on refroidit le cylindre par circulation d’eau.

L’allumage du mélange explosif s’obtient en général par une étincelle électrique et les procédés connus, mais on peut appliquer également l’allumage par incandescence, en disposant sur le cylindre, en un point convenable, un tube chauffé au rouge devant lequel passe l’orifice E percé sur le piston tournant à l’instant où cet allumage doit s’effectuer.

L’arbre, la manivelle et les volants sont disposés dans un carter hermétique qui constitue le bâti sur lequel se fixe le cylindre.

La tète de bielle vient plonger dans l’huile que renferme le carter, s’en imbibe entièrement et la projette de tous côtés par barbotage, ce qui assure ainsi le graissage du cylindre. Cette tête de bielle et le mécanisme spécial imprimant une rotation au cylindre reçoivent leur graissage spécial par un petit tube qui vient, à chaque tour, plonger dans l’huile occupant le fond du carter et en puiser un peu.

L’ensemble de ces divers dispositifs donne au moteur Dawson une simplicité et une légèreté que ne manqueront certainement pas d’apprécier grandement les constructeurs de voiturettes automobiles.

X … , ingénieur.

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