Du jouet de l’enfant au véhicule automobile : le Motopède

P. Aliamet, Sciences et voyage n°10 — 6 novembre 1919
Dimanche 3 février 2019

LES DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES ONT FRÉQUEMMENT INSPIRÉ LES FABRICANTS DE JOUETS. CETTE FOIS, CE FUT UN JOUET, LA « TROTTINETTE » DE NOS ENFANTS, QUI SUGGÉRA AUX CONSTRUCTEURS UN NOUVEAU VÉHICULE AUTOMOBILE : « LE MOTOPÈDE ».

UN NOUVEAU véhicule, automobile, le Motopède, vient de faire son apparition en Europe. Lancé d’abord en 1916 aux, États-Unis, où il obtint un certain succès sur la plage de sable de Long Beach, il a depuis conquis droit de cité en Amérique et en Angleterre, où quelques enthousiastes n’hésitent pas à s’en servir jusque dans les rues les plus fréquentées de Londres. Chez nous, on a déjà pu en voir quelques spécimens au Bois de Boulogne. Le Motopède, tel que nous le représentons sur notre couverture, est tout simplement la « trottinette » de nos enfants, à laquelle on a adapté un moteur léger.

Cet appareil est muni de deux roues garnies de pneumatiques 56 X 375 et d’une suspension élastique pour ’amortir’ les chocs. Il peut filer à 25 ou 30 à l’heure en terrain plat et uni et monter des pentes douces.

Quant au moteur, il est du type à deux temps et représente un des modèles les plus simples du genre. Il est accolé au côté gauche de la roue avant, et la bielle est reliée par l’intermédiaire d’une friction à plateaux et d’un petit pignon à un tambour dentelé intérieurement et solidaire de la roue. Le volant est à droite de celle-ci et renferme une magnéto. Le cylindre a un alésage de 56 millimètres et le piston une course de 63 millimètres.

L’essence arrive au carburateur automatique par l’effet de la pesanteur et se trouve contenue dans un réservoir placé au-dessus- du garde-boue avant. Le débrayage et le freinage s’opèrent en même temps en ramenant le guidon en arrière.

LE MOTOPÈDE APPARAIT COMME LE SUCCCESSEUR PROCHAIN DE LA BICYCLETTE.

Tel qu’il est, cet appareil est d’un maniement très simple et paraît appelé à rendre certains services, tout au moins pour les courses urgentes et d’une faible durée, car autrement son usage est trop fatigant et trop peu confortable pour se prêter aux excursions d’une certaine importance.

Le principal inconvénient du Motopède, c’est que le conducteur est obligé de rester debout. Le jour où on lui aura adapté un siège, on aura fait beaucoup pour en vulgariser l’emploi.

Le Motopède est l’aboutissant d’une longue série d’efforts faits en vue de créer un engin de transport automobile économique et léger. Nous donnons ci-contre, d’après notre confrère anglais The Motor Cycle, quelques vues des appareils construits, précédemment dans ce but, mais qui n’avaient eu aucun succès durable. L’accueil fait au Motopède, au contraire, est des plus encourageant et il n’est pas douteux que cet appareil quand il aura été perfectionné, ne soit appelé à révolutionner nos habitudes.

Pour que ce nouveau moyen de transport se généralise, il faudra sans nul doute, une certaine durée d’adaptation de la mentalité du public. Au début, le vélocipède sembla Une inutile acrobatie. Puis, la bicyclette devint un sport quasiment de luxe. Enfin, sa généralisation en fit quelque chose comme un instrument de travail indispensable à tout ouvrier. Demain, la bicyclette, remplacée par quelque, engin plus rapide, semblera peut-être fort archaïque.

P. Aliamet

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