Le Monde physique, par Amédée Guillemin. (Librairie Hachette et Cie)

La Nature N°654- 12 Décembre 1885
Mercredi 14 mars 2012

Entreprise depuis plusieurs années, la publication éditée sous ce titre est actuellement terminée. Elle comprend 5 forts volumes grand in-8°, contenant chacun des centaines de superbes gravures, et de nombreuses planches hors texte en chromolithographie. C’est un véritable monument élevé à la science ; Il restera comme la plus complète histoire de la physique à notre époque. Le premier volume comprend la pesanteur, la gravitation universelle et le son ; le second, la lumière ; le troisième, le maagnétisme et l’électricité ; le quatrième, la chaleur ; et le cinquième et dernier, la météorologie.

M. Amédée Guillemin est un homme de grande érudition, qui, mieux que tout autre, était à même de mener à bonne fin un travail de si longue haleine. Ordonné, minutieux, correct, d’une exactitude scrupuleuse, il ne sacrifie absolument rien à la vérité, et a toujours recours aux sources originales pour alimenter son texte.

Son œuvre est une grande et belle entreprise, qui est destinée à rendre des services signalés aux savants, aux gens du monde et à la jeunesse. La maison Hachette n’a rien négligé pour que le livre soit aussi beau que possible au point de vue typographique, et les gravures en couleur sont particulièrement remarquables. Dans l’impossibilité où nous sommes d’en reproduire un spécimen dans notre texte, nous empruntons au livre de M. Guillemin quelques-unes des petites figures explicatives dont l’ouvrage abonde. Nous les accompagnons des explications qu’elles comportent.

La figure 1 est une expérience bien connue de physique sans appareils due à Franklin. « Elle a pour but de mettre en évidence la production du vent, entant qu’elle résulte de l’inégalité de ternnpérature. Si l’on ouvre en hiver la porte qui fait communiquer deux chambres, l’une froide, I’autre bien chauffée, il se produit aussitôt un double courant d’air. L’air de la chambre chauffée, plus léger, pénètre en montant dans la chambre froide, tandis que I’air plus dense de celle-ci s’écoule par en bas pour le remplacer. En plaçant deux bougies allumées à la partie inférieure et à la partie supérieure de la porte, la direction conntraire de leurs flammes indique nettement le sens de deux courants opposés. C’est la même raison qui détermine les courants ascendants à l’intérieur des cheminées sans lesquels le tirage ne serait pas possible, et qui produit les mouvements de l’air à l’intérieur d’un verre de lampe, le long des tuyaux de poêle. »

La figure 2 a pour but d’expliquer l’aberration de la lumière par une comparaison très heureuse que décrit M. Amédée Guillemin : « Un piéton qui resterait immobile, protégé par un parapluie contre une pluie tombant verticalement, ne recevrait pas une goutte ; qu’il se mette à courir dans une direction quelconque, il se trouvera atteint et croira recevoir la pluie obliquement, précisément en sens opposé à celui de la direction qu’il suit en courant. Si l’on suppose qu’il parcourt ainsi toute une circonférence de cercle, la pluie lui fouettera le visage comme si elle venait successivement de tous les points de l’horizon. C’est un phénomène de tous points analogue à celui de l’aberration de la lumière, et dont les maximums et les minimums varieraient de même, si l’on supposait que la pluie, au lieu de tomber verticalement, prenait en réalité toutes les directions possibles d’obliquité à l’horizon. La terre reçoit en tout temps, dans toutes les directions, des rayons de lumière émanés de toutes les parties de la voûte étoilée ; c’est une pluie continue de molécules, ou, si l’on préfère, d’ondes lumineuses. »

La figure 3, qui représente le phénomène de double réfraction obtenu à l’aide d’un cristal de spath d’Islande, montre le soin avec lequel ont été exécutées toutes ces gravures de démonstration : elles sont d’une netteté parfaite qui n’exclut pas le côté artistique de ce grand et bel ouvrage.

G. T.

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