Le Baobab (Adansonia L.)

La Nature N°218 - 4 aout 1877
Samedi 15 janvier 2011

La gravure ci-jointe représente un des plus remarquables baobabs des îles Comores, où a séjourné un naturaliste-peintre, M. de Bérard. Cet artiste a bien voulu dessiner pour la Nature quelques-uns des paysages qu’il a observés dans ses nombreux voyages, et que nous publierons successivement.

Nous empruntons d’autre part à l’excellent Dictionnaire botanique de M. H. Baillon quelques-uns des paragraphes qu’il consacre aux baobabs.

Ce sont des arbres peu élevés, dont le tronc atteint un diamètre gigantesque. Il avait jusqu’à 30 mètres dans certains individus observés par Adanson aux îles du cap Vert. Ce tronc est terminé par des rameaux étalés ou défléchis, dont l’ensemble forme comme un vaste parasol. Ils portent des feuilles composées digitées avec 3-9 folioles entiers. brièvement pétiolées et accompagnées de stipules caduques. Cet ensemble de rameaux et de feuilles de grandes dimensions constitue au sommet de l’arbre comme une immense chevelure qui rayonne à une grande distance autour du tronc.

Les fleurs munies de deux bractéoles sont axillaires, solitaires et pendantes, On connait trois espèces d’Adansonia : l’une d’Australie, c’est l’A, Gregorii F. Muell., espèce à fleurs d’un beau jaunâtre ; l’autre abondante dans les régions chaudes de l’Asie et de l’Afrique ; la troisième de Madagascar. C’est la seconde qui est la plus connue par les récits des voyageurs. Adanson en a vu au Sénégal des représentants auxquels il attribuait au moins six mille ans d’existence. C’est l’A. digitata (A. Baobab Gaertn), le baobad de P. Alpin.

Vénéré comme un arbre sacré par les nègres de la côte occidentale de l’Afrique, qui emploient à plusieurs usages économiques et médicaux, sous le nom de Boui, la pulpe qui entoure les graines, le baobab leur fournit un grand nombre de produits utiles. Les auteurs du Tentamen filorœ senegambiœ, rapportent qu’ils y attachent leurs gris-gris, sorte d’amulettes qui d’après les idées superstitieuses de ces peuples, impriment un caractère sacré à cet arbre et doivent empêcher les profanes d’y porter une main sacrilège. L’ile de Sorr, près de Saint-Louis, est parsemée de très gros baobabs ornés des gris-gris des nègres. C’est en ce lieu qu’Adanson a mesuré l’énorme baobab dont il parle dans son ouvrage, et qui est aujourd’hui couvert d’inscriptions. Il est surprenant que dans un pays aussi brûlant et aride que la côte occidentale de l’Afrique, le baobab puisse acquérir d’aussi énormes dimensions, On trouve fréquemment, surtout entre le Sénégal et la Gambie, des individus qui ont une circonférence de soixante-dix à soixante-dix pieds, sans atteindre une élévation proportionnée à une telle grosseur. Ces dimensions diminuent à mesure qu’on s’éloigne des bords de la mer. Ce singulier végétal nous a paru augmenter en diamètre sans qu’on puisse attribuer uniquement cet effet à l’influence des feuilles, puisqu’il en est dépourvu pendant plus des deux tiers de l’année. A la plus légère blessure que l’on y fait, on voit sortir un suc fort abondant, sorte de sève nutritive, provenant de l’enveloppe herbacée qui a rempli exactement le rôle des feuilles et qui a été, pour ainsi dire, le foyer principal de la vie du végétal. En un mot, le baobab a une végétation analogue à celle de certains cactus qui pompent leur nourriture, non dans le sol, mais dans l’air par toute leur superficie. L’écorce et les feuilles de l’Andansonia digitata renferment un mucilage abondant employé fréquemment contre les affections inflammatoires et la dysenterie. Ces mêmes feuilles séchées et réduites en poudre constituent le lalo des nègres, qui possède les mêmes propriétés émollientes. D’après Prosper Alpin et Adanson, la poudre faite avec la pulpe qui entoure les graines constituerait la terre de Lemnos ou terra Lemnia des anciens médecins, poudre apportée par les caravanes en Égypte, où l’on en faisait usage dans les affections diverses.

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